En 2024, plus de 3,1 millions de travailleurs en France pratiquent le travail de nuit, soit 10,9% des personnes en emploi. Dans le secteur de l'hôtellerie-café-restauration, 17,2% des salariés sont concernés par ces horaires atypiques, faisant du travail de nuit une réalité quotidienne pour des milliers de professionnels.
Gérer les plannings de vos équipes n'est pas une mince affaire, vous le savez. Même si cette gestion devient de plus en plus facile, gérer les horaires de nuit en hôtellerie, café et restauration est souvent un casse-tête. Entre obligations légales spécifiques au secteur HCR, compensation en repos, et surveillance médicale renforcée, les règles à respecter en 2025 sont nombreuses et précises. Attention aux règles spécifiques qui s'appliquent à cette pratique !
Qu’appelle-t-on le travail de nuit ? 🌙
Avant de parler des spécificités des horaires de nuit, des règles à respecter et des pièges à éviter, commençons d'abord par bien comprendre à quoi nous faisons référence ici. Vous l'avez deviné, il ne suffit pas qu'il fasse nuit pour qu'un salarié pratique le travail de nuit… ce serait trop simple.
Non, le travail de nuit est défini et encadré par la loi et une législation précise impose des règles à respecter pour les employeurs en HCR.
📌 Cadre légal général vs spécificités HCR
Officiellement, le travail de nuit en HCR démarre à 22 heures et se termine à 7 heures. Cependant, tout collaborateur ayant travaillé au moins 7 heures d'affilée entre les deux n'est pas un travailleur de nuit.
3 conditions à connaître pour définir si votre salarié est un travailleur de nuit :
1. Fréquence hebdomadaireIl effectue la nuit 3 heures de son travail quotidien au moins 2 fois par semaine
2. Volume annuel (établissements permanents)Il travaille au moins 280 heures en horaires de nuit sur une durée de 12 mois consécutifs (et non 270h comme dans le régime général)
3. Volume trimestriel (saisonniers)Il réalise en saisonnier au moins 70 heures en horaires de nuit pendant un trimestre civil
💡 Important à retenir : Ces seuils sont spécifiques à la convention collective HCR. D'autres secteurs appliquent le seuil légal de 270 heures annuelles. Cette différence (280h vs 270h) peut sembler minime, mais elle impacte directement le statut de vos salariés et leurs droits à compensation.
Les conditions du travail nocturne
Officiellement, le travail de nuit en HCR démarre à 22 heures et se termine à 7 heures. Cependant, tout collaborateur ayant travaillé au moins 7 heures d'affilée entre les deux n'est pas un travailleur de nuit.
3 conditions à connaître pour définir si votre salarié est un travailleur de nuit :
- Fréquence hebdomadaire. Il effectue la nuit 3 heures de son travail quotidien au moins 2 fois par semaine
- Volume annuel (établissements permanents)Il travaille au moins 280 heures en horaires de nuit sur une durée de 12 mois consécutifs (et non 270h comme dans le régime général)
- Volume trimestriel (saisonniers)Il réalise en saisonnier au moins 70 heures en horaires de nuit pendant un trimestre civil
💡 Important à retenir : Ces seuils sont spécifiques à la convention collective HCR. D'autres secteurs appliquent le seuil légal de 270 heures annuelles. Cette différence (280h vs 270h) peut sembler minime, mais elle impacte directement le statut de vos salariés et leurs droits à compensation.
Majoration des heures de nuit… ou pas ? 🤔
HCR, un secteur particulier (comme souvent)
En général, le travail de nuit offre une rémunération plus avantageuse pour les collaborateurs se pliant aux horaires nocturnes. Cela est valable pour pratiquement l'ensemble des secteurs d'activité… sauf l'hôtellerie-café-restauration. Normal, puisque ces professionnels sont censés travailler en permanence, ou presque !
En effet, les accords collectifs, accords de branche et accords d'entreprises prévoient des taux de majoration des heures de nuit spécifiques.
Comparaison avec d'autres secteurs
Contrairement à de nombreux secteurs qui appliquent des majorations salariales pour le travail de nuit (généralement entre 10% et 30% du taux horaire), la convention collective HCR ne prévoit aucune majoration financière obligatoire pour les heures de nuit. Cette particularité s'explique par la nature continue de l'activité dans l'hôtellerie-restauration, où le service s'étend naturellement sur des plages horaires élargies.
Le repos compensatoire
La convention collective HCR pour sa part précise que le travail de nuit n'ouvre pas droit à cette majoration des horaires nocturnes. Toutefois, elle attribue un repos compensateur de 2 jours de congés supplémentaires par an (pour les collaborateurs en horaires de nuit à temps plein). Pour les autres, le repos compensatoire est calculé au trimestre civil : 1% par heure de travail effectuée de nuit.
Le taux horaire du travail de nuit est ainsi identique aux heures de jour pour les professionnels de l'hôtellerie-café-restauration.
📋 Calcul pratique du repos compensateur
Exemple 1 : Salarié travaillant exclusivement de nuit à temps plein
- Durée hebdomadaire : 39h dont 100% en horaires de nuit (22h-7h)
- Compensation : 2 jours de congés supplémentaires par an (forfait)
- À prendre : Ces 2 jours s'ajoutent aux 25 jours de congés payés légaux
Exemple 2 : Serveur travaillant partiellement de nuit
- Janvier-Mars : 45 heures effectuées entre 22h et 7h
- Calcul : 45h × 1% = 0,45 heure de repos compensateur
- Équivalent : Environ 27 minutes à prendre
Exemple 3 : Réceptionniste d'hôtel en rotation
- Sur l'année : 180 heures de nuit (inférieur au seuil de 280h)
- Calcul trimestriel :
- T1 : 50h × 1% = 0,5h
- T2 : 40h × 1% = 0,4h
- T3 : 50h × 1% = 0,5h
- T4 : 40h × 1% = 0,4h
- Total année : 1,8 heure de repos compensateur
Précisions utiles
Attention toutefois, une petite précision s'impose : il faut travailler au moins à deux reprises hebdomadaires sur un créneau horaire de nuit pendant trois heures minimum.
Notez également que vous êtes dans l'obligation d'accorder un repos compensateur de 11 heures d'affilée minimum à la suite d'une nuit de travail à vos employés. Rien ne vous empêche de vous montrer plus généreux si vous souhaitez des collaborateurs frais, épanouis et en pleine forme !
⏱️ Pause obligatoire pour les travailleurs de nuit
La convention collective HCR impose une pause de 20 minutes minimum pour tout poste de nuit d'une durée supérieure ou égale à 6 heures de travail effectif. Cette pause est distincte du repos quotidien de 11 heures consécutives et doit être prise pendant le poste de travail.
Nouveautés 2025 : surveillance médicale et obligations renforcées
En 2025, la réglementation du travail de nuit continue d'évoluer pour mieux protéger la santé des travailleurs. Les employeurs du secteur HCR doivent être particulièrement attentifs aux nouvelles obligations en matière de surveillance médicale et de prévention.
🏥 Surveillance médicale renforcée
Tout travailleur de nuit doit bénéficier obligatoirement de :
- Une visite d'information et de prévention (VIP) avant l'affectation au poste de nuit
- Un suivi médical régulier au moins tous les 6 mois (et non annuel comme pour les autres salariés)
- Un examen médical approfondi en cas de symptômes liés au travail de nuit (troubles du sommeil, fatigue chronique, troubles cardiovasculaires)
Cette surveillance médicale renforcée permet de détecter précocement les effets du travail de nuit sur la santé et d'adapter les conditions de travail si nécessaire. L'employeur doit organiser et financer ces visites médicales.
⚠️ Risques pour la santé documentés
Le travail de nuit bouleverse les mécanismes biologiques (rythmes de veille et de sommeil, de repas, de sécrétions hormonales) et l'organisation temporelle de la vie sociale et familiale. Les études scientifiques récentes ont identifié plusieurs risques majeurs :
- Troubles du sommeil et fatigue chronique
- Risques cardiovasculaires accrus (hypertension, infarctus)
- Troubles métaboliques (diabète, obésité)
- Risques psychosociaux (stress, dépression, isolement social)
- Difficultés de conciliation vie professionnelle/vie personnelle
💡 Recommandation Skello : Pour limiter ces risques, privilégiez autant que possible des rotations d'équipes plutôt que du travail de nuit permanent, et assurez-vous que vos plannings respectent les temps de repos obligatoires.
📋 Obligations documentaires
L'employeur doit obligatoirement :
- Intégrer le travail de nuit dans le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP)
- Justifier le recours au travail de nuit par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité
- Informer les salariés des risques liés au travail de nuit et des mesures de prévention
- Tenir un registre des salariés travaillant de nuit
Les erreurs à ne (surtout) pas commettre
La durée maximale des horaires de nuit
Vous ne pouvez imposer le travail de nuit sur plus de 8 heures consécutives ou 40 heures par semaine en moyenne sur 12 semaines. Une dérogation par accord de branche peut cependant autoriser les durées allant jusqu'à 12 heures de travail de nuit à la suite. Dans le secteur HCR, la convention collective prévoit une durée maximale hebdomadaire moyenne de 44 heures (au lieu de 40h pour le régime général) sur une période de 12 semaines consécutives.
⚖️ Durées maximales selon le poste en HCR :
⚠️ Attention : Ces durées maximales s'appliquent spécifiquement au travail de nuit. Pour le travail de jour, les durées maximales peuvent différer selon la convention collective.
Le travail de nuit des mineurs
Concernant les moins de 18 ans, vous pouvez demander une dérogation à l'inspection du travail pour qu'ils travaillent jusqu'à 23h30 au plus tard.
Vous devez alors obligatoirement lui accorder un temps de repos de 12 heures minimum avant le shift suivant (et non 11h comme pour les majeurs).**
📋 Procédure de demande de dérogation
Pour obtenir une autorisation de travail de nuit pour un mineur dans le secteur HCR, vous devez :
- Adresser une demande écrite à l'inspection du travail (DREETS de votre département)
- Justifier la nécessité par l'activité de l'établissement
- Préciser les mesures de protection mises en place (transport, encadrement, pause)
- Consulter le CSE (ou les délégués du personnel) avant la demande
- Obtenir l'accord écrit du représentant légal du mineur
🚫 Interdictions absolues pour les mineurs :
- Travail entre 23h30 et 6h : interdit même avec dérogation
- Travail de nuit régulier : impossible d'obtenir le statut de travailleur de nuit
- Plus de 8h de travail par jour : dépassement interdit
Le cas de la convention collective restauration rapide
En restauration rapide, les règles des horaires de nuit sont différentes. Effectivement, tout salarié (travailleur de nuit ou non) bénéficie d'un repos compensateur de 2% par heure travaillée de nuit. Les heures entre minuit et 2h sont par ailleurs majorées de 10% et celles entre 2h et 6h, de 25% !
💡 Astuce pour les employeurs : Si votre établissement peut relever des deux conventions (par exemple, un point de vente rapide au sein d'un hôtel), vérifiez bien quelle convention collective s'applique à chaque salarié. La qualification de votre activité principale détermine la convention applicable.
Droits et protections des travailleurs de nuit
Au-delà des compensations financières et du repos, les travailleurs de nuit bénéficient de droits spécifiques destinés à protéger leur santé et faciliter leur reconversion professionnelle.
🔄 Priorité d'accès au travail de jour
Tout travailleur de nuit bénéficie d'une priorité d'affectation sur un poste de jour correspondant à ses qualifications. L'employeur est tenu de :
- Porter à la connaissance des travailleurs de nuit la liste des postes de jour disponibles
- Examiner en priorité les candidatures des travailleurs de nuit pour ces postes
- Motiver tout refus de mutation vers un poste de jour
Cette priorité s'applique particulièrement dans les cas suivants :
- État de santé incompatible avec le travail de nuit (sur avis du médecin du travail)
- Grossesse ou maternité (droit à être affectée temporairement sur un poste de jour)
- Charge familiale (garde d'un enfant de moins de 3 ans)
- Salariés de plus de 50 ans (pour préserver leur santé)
👶 Protection des femmes enceintes
Les salariées enceintes ou allaitantes travaillant de nuit bénéficient d'une protection spécifique :
- Droit à une affectation temporaire sur un poste de jour pendant la grossesse et l'allaitement
- Maintien de la rémunération équivalente à celle perçue pour le travail de nuit
- Impossibilité de refus de l'employeur (sauf impossibilité justifiée + avis du médecin du travail)
- Maintien des avantages acquis au titre du travail de nuit
FAQ - Travail de nuit en HCR
1. Quelles sont exactement les heures de nuit dans le secteur HCR ?
Dans le secteur de l'hôtellerie-café-restauration, les heures de nuit s'étendent de 22 heures à 7 heures du matin (et non de 21h à 6h comme dans le régime général). Cette plage horaire spécifique est définie par la convention collective nationale des HCR (IDCC 1979).
2. Mon salarié travaille occasionnellement la nuit, est-il considéré comme "travailleur de nuit" ?
Non, pour obtenir le statut de travailleur de nuit en HCR, votre salarié doit remplir au moins l'une de ces 3 conditions :
- Travailler au moins 3 heures de nuit, au moins 2 fois par semaine
- Cumuler 280 heures de nuit sur 12 mois (pour les établissements permanents)
- Cumuler 70 heures de nuit sur un trimestre civil (pour les saisonniers)
En dessous de ces seuils, il ne bénéficie pas du statut de travailleur de nuit ni des compensations associées.
3. Dois-je payer une majoration salariale pour les heures de nuit ?
Non, la convention collective HCR ne prévoit aucune majoration salariale obligatoire pour les heures de nuit. Contrairement à d'autres secteurs (industrie, santé…), le taux horaire de nuit reste identique au taux horaire de jour dans l'hôtellerie-restauration. En revanche, vous devez obligatoirement accorder un repos compensateur.
4. Comment calculer le repos compensateur pour le travail de nuit ?
Deux situations :
- Salarié travaillant exclusivement de nuit à temps plein : 2 jours de congés supplémentaires par an (forfait)
- Salarié travaillant partiellement de nuit : 1% de repos compensateur par heure effectuée entre 22h et 7h, calculé au trimestre civil
Exemple : Un serveur qui effectue 60 heures de nuit sur un trimestre obtient 0,6 heure de repos (60h × 1% = 36 minutes).
5. Puis-je faire travailler un apprenti ou un stagiaire mineur de nuit ?
Le travail de nuit des mineurs (moins de 18 ans) est strictement interdit entre 22h et 6h. Vous pouvez toutefois obtenir une dérogation de l'inspection du travail pour les faire travailler jusqu'à 23h30 maximum (et non 22h), notamment dans les secteurs de la restauration et de l'hôtellerie. Au-delà de 23h30, c'est interdit même avec dérogation.
6. Quel est le temps de repos minimum après une nuit de travail ?
Vous devez obligatoirement accorder un repos quotidien d'au moins 11 heures consécutives après chaque poste de nuit (12 heures pour les mineurs). Ce repos doit être pris immédiatement après la fin du poste. Par exemple, un salarié terminant à 7h ne peut pas reprendre avant 18h le même jour.
7. Que se passe-t-il si un salarié refuse de travailler de nuit ?
Le passage du travail de jour au travail de nuit constitue une modification du contrat de travail nécessitant l'accord écrit du salarié. Un salarié ne peut pas être sanctionné ni licencié pour avoir refusé de travailler de nuit. Si vous avez besoin d'un travailleur de nuit, vous devez :
- Soit embaucher spécifiquement sur un poste de nuit (mentionné dans le contrat initial)
- Soit obtenir l'accord écrit du salarié pour modifier son contrat
- Soit proposer un poste de jour à un autre salarié volontaire
8. Quelles sont les sanctions en cas de non-respect des règles sur le travail de nuit ?
Le non-respect des obligations légales sur le travail de nuit expose l'employeur à :
- Sanctions administratives : amende pouvant aller jusqu'à 2 000€ par salarié concerné (10 000€ en cas de récidive)
- Sanctions pénales : délit d'entrave (1 an d'emprisonnement + 3 750€ d'amende)
- Requalification des heures : paiement rétroactif des compensations dues
- Dommages et intérêts : en cas de préjudice prouvé par le salarié
- Inscription sur la liste publique des entreprises sanctionnées


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