Selon une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publiée en 2024, le secteur de la boulangerie-pâtisserie fait face à une pénurie croissante de main-d'œuvre, avec plus de 25 000 postes non pourvus en France. Cette tension sur le marché du travail rend d'autant plus crucial le respect des règles relatives aux jours fériés et au temps de repos, facteurs essentiels de fidélisation des équipes. Dans ce contexte, maîtriser la réglementation applicable aux jours fériés en boulangerie-pâtisserie devient un levier stratégique pour les employeurs souhaitant attirer et retenir leurs talents.
Pour les plus étourdis, on vous rappelle qu'il y a 11 jours fériés en France. Voici d'ailleurs la liste des jours fériés de 2025 :
Parmi ces 11 jours fériés, on comptera le 1er mai qui a ses règles spécifiques et est donc toujours chômé ou majoré dans sa totalité si travaillé. Les 10 autres jours fériés restants, eux, ne seront pas obligatoirement chômés et ne feront pas forcément l'objet d'une majoration ou compensation. Si l'un de ces jours fériés est chômé, il ne sera payé ou compensé que pour les salariés dont l'activité est supérieure à 3 mois dans votre entreprise.
Jours fériés spécifiques en Alsace-Moselle : Les départements du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle bénéficient de deux jours fériés supplémentaires : le 26 décembre (Saint-Étienne) et le Vendredi Saint. Ces spécificités régionales doivent être prises en compte dans la gestion des plannings.
Jours fériés dans les DROM : Les départements et régions d'Outre-mer disposent d'un jour férié supplémentaire pour commémorer l'abolition de l'esclavage : 27 mai en Guadeloupe, 10 juin en Guyane, 22 mai en Martinique, et 20 décembre à La Réunion.
Qu'en est-il des heures de travail et des jours fériés dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie ?
Règles de travail en boulangerie
Le temps de travail en boulangerie
Sur 12 semaines, la durée horaire de travail moyenne peut aller jusqu'à 44 heures. La durée horaire maximale, quant à elle, peut atteindre 48 heures (35 heures pour les moins de 18 ans).
La durée maximale de travail journalière est de 10 heures, avec une amplitude horaire de 13h pour les contrats normaux et 10h pour les temps partiel.
Les repos et pauses en boulangerie
On doit compter deux jours fractionnables et un temps de repos de 2 journées de 11h ou 12h pour les mineurs. Une pause devra se faire toutes les 6 heures, pendant 20 minutes au moins.
Les heures supplémentaires en boulangerie
Quelles heures sont majorées ?
À partir de 36 heures, jusqu'à 43 heures, vous devez majorer vos salariés de 25%. Si la majoration n'est pas envisageable, choisissez un repos compensateur. Notez bien que la durée du repos doit être égale à la rémunération qui aurait été majorée. Une rémunération juste est essentielle pour garder vos employés satisfaits !
Si le temps de travail dépasse 44 heures, alors la majoration à accorder sera de 50%.
Attention, ne dépassez pas les 329 heures par an pour chaque salarié, c'est la limite imposée par la convention collective de la Boulangerie-Pâtisserie. C'est pour ce genre de calcul qu'un outil de gestion de planning sera utile, puisqu'il regroupera sur un seul et même espace toutes les informations salariales nécessaires à la paie. Si vous dépassez le seuil limite d'heures travaillées pour un employé, vous serez alerté. Sur Skello, par exemple, il vous est possible de suivre un compteur des heures travaillées, chômées et des jours fériés.
Le travail du dimanche en boulangerie
La rémunération du dimanche ou jour habituel de repos est de 20% dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie, excepté dans certaines régions comme dans les Bouches du Rhône, Loire Atlantique (de 25%) et dans le Lot et Garonne et en Vendée (de 30%).
Les Jours fériés en boulangerie
Une boulangerie peut-elle ouvrir durant un jour férié ?
Oui, une boulangerie peut ouvrir ses portes le 1er mai et les autres jours fériés. Le Code du travail stipule que seul le 1er mai est obligatoirement chômé pour l'ensemble des salariés, sauf pour les entreprises dont l'activité ne peut pas être interrompue, comme les boulangeries. La convention collective nationale de la boulangerie-pâtisserie précise que le travail le 1er mai doit être rémunéré avec une majoration, offrant une compensation équitable aux salariés.
Pour les autres jours fériés, l'ouverture est possible et le travail est rémunéré selon les dispositions prévues par la CCN. Cela permet aux boulangeries de continuer à servir leurs clients tout en respectant les droits de leurs salariés.
Les apprentis et mineurs peuvent-ils travailler un jour férié ?
Oui, les apprentis et mineurs employés en boulangerie-pâtisserie peuvent travailler un jour férié, y compris le 1er mai. Cette particularité distingue le secteur de la boulangerie-pâtisserie d'autres domaines d'activité. Cependant, des règles spécifiques encadrent leur emploi : les mineurs bénéficient d'un repos hebdomadaire d'au moins 36 heures consécutives, qui inclut le jour férié travaillé.
Cette exception est justifiée par la nature de l'activité artisanale de la boulangerie, où les besoins en personnel sont constants, même pendant les jours fériés. Les employeurs doivent veiller à respecter les dispositions de la CCN et du Code du travail pour garantir les droits et la sécurité des jeunes salariés.
La boulangerie artisanale
La convention collective concernée prévoit qu'il est possible de faire travailler vos salariés, même le 1er mai. Si tel est le cas, une rémunération majorée devra être prévue. Cette possibilité de travail n'exclut d'ailleurs pas les jeunes mineurs.
Concernant les autres jours fériés (10 en plus du premier mai, pour les salariés comptant plus de 3 mois d'ancienneté), leur chômage ne pourra pas être la cause d'une déduction de salaire pour vos employés.
🚨 Attention : si un jour férié légal est inclus dans une période de congé payé, la période de ce congé sera prolongée d'une journée et cette prolongation de congé ne pourra être la cause d'une réduction de la rémunération.
Que se passe-t-il si votre salarié travaille un de ces autres jours fériés ? Dans ce cas là, vous devrez doubler son salaire. Si vous faites travailler un employé ou apprenti de plus de 16 ans, il aura droit au salaire doublé également et aussi à un repos de 2 jours consécutifs supplémentaire.
Par ailleurs, il est précisé que, si un jour férié légal est inclus dans une période de congé payé, la période de ce congé sera prolongée d'une journée et cette prolongation de congé ne pourra être la cause d'une réduction de la rémunération.
Si vous faites partie de l'un des départements suivants, veuillez vous renseignez car certaines spécificités sont à prendre en compte : Calvados, Loiret et Bouches-du-Rhône.
La boulangerie-pâtisserie industrielle
Les règles sont les mêmes pour la convention collective de la boulangerie-pâtisserie industrielle : si votre employé a plus de 3 mois d'ancienneté, il bénéficiera de 10 jours fériés en plus du 1er mai.
Si le jour férié est chômé par votre salarié, vous devez le payer. S'il est travaillé, il sera majoré de 115%. Soit un repos d'une durée égale au temps qu'ils ont passé dans l'entreprise durant le jour férié, accompagné d'une majoration horaire de 15 %.
Tableau récapitulatif : rémunération des jours fériés travaillés
Comment organiser les ponts en boulangerie-pâtisserie ?
Un pont est une journée de congé intercalée entre un jour férié et un week-end ou une autre journée de repos hebdomadaire. En tant qu'employeur, vous pouvez prévoir une journée de pont avant ou après le jour férié. C'est une pratique courante en mai dans les entreprises en France, bien qu'elle ne fasse l'objet d'aucune obligation légale.
Les heures chômées durant un pont peuvent être travaillées à une période ultérieure pour compenser, dans les 12 mois précédant ou suivant le pont. Ces heures de récupération ne font pas l'objet d'une majoration de salaire. Comme vous modifiez temporairement l'horaire hebdomadaire, vous devez afficher ce changement dans l'entreprise et envoyer une copie de cet horaire à l'inspection du travail.
Conseil pratique : Anticipez les demandes de ponts en établissant un calendrier partagé dès le début de l'année. Cela permet d'éviter les conflits et d'assurer une répartition équitable entre les salariés, notamment durant les périodes de forte affluence comme le mois de mai.
Gestion des congés payés en boulangerie-pâtisserie
Comment organiser les congés payés de vos salariés ?
En principe, la période des congés payés se situe entre le 1er mai et le 31 octobre. L'employeur doit informer le personnel sur la période de vacances ordinaire au moins 2 semaines à l'avance. Les dates ne peuvent être modifiées dans un délai d'un mois avant le jour de départ.
Les salariés bénéficient d'un droit de 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif. S'ils posent au moins 12 jours ouvrables, l'employeur peut demander à les fractionner. La rémunération du congé annuel est de 9,03% des salaires bruts perçus du jour de la reprise du travail au jour de départ au titre du congé de l'année suivante.
La convention collective de la boulangerie-pâtisserie prévoit, pour les employés ayant un an d'ancienneté, 6 jours de congés supplémentaires, en plus des 24 jours ouvrables imposés dans le Code du travail. Cette semaine supplémentaire doit être posée entre le 15 janvier et le 1er mai. Si les salariés refusent cette période de vacances, ils reçoivent une indemnité compensatrice.
Congés payés supplémentaires selon l'ancienneté
La convention collective nationale de la boulangerie-pâtisserie accorde des jours de congés payés supplémentaires en fonction de l'ancienneté du salarié dans l'entreprise :
Congés pour événements familiaux en boulangerie-pâtisserie
La convention collective de la boulangerie-pâtisserie prévoit des jours de congés exceptionnels pour des événements familiaux. Ces jours ne nécessitent pas de condition d'ancienneté, n'entraînent pas de réduction de salaire et sont assimilés à des jours de travail effectif :
Important : Ces congés exceptionnels n'entraînent aucune réduction de salaire et ne nécessitent pas de condition d'ancienneté. Ils sont considérés comme du temps de travail effectif pour le calcul des droits aux congés payés annuels.







