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Arrêt maladie pendant le préavis de démission : que dit la loi ?

Par 
Romain
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Mis à jour le
21/11/2025

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Selon une étude de la DARES publiée en 2024, plus de 450 000 démissions ont été enregistrées au premier trimestre dans le secteur privé, dont une part significative concerne l'hôtellerie-restauration. Ce secteur, marqué par une forte rotation du personnel et des conditions de travail exigeantes, enregistre également un taux d'arrêt maladie supérieur de 15% à la moyenne nationale. Dans ce contexte, la question de l'articulation entre démission et arrêt maladie devient cruciale pour les salariés comme pour les employeurs.

Dans la relation entreprise-employé, le salarié a la possibilité de démissionner s'il le souhaite. Il faut juste envoyer une demande avec accusé de réception à l'employeur dans le respect des délais prévus par le Code du travail. Mais que se passe-t-il si l'incapacité de travail intervient pendant le préavis ? Pour vous aider, voici tout ce que vous devez savoir sur la démission et l'arrêt maladie.

Qu'est-ce qu'un préavis de démission ?

Le préavis de démission correspond à l'intervalle de temps que doit respecter un salarié dès lors qu'il informe officiellement son employeur de son souhait de quitter son poste. Cette période est fixée par le Code du travail, le contrat de travail ou la convention collective applicable, et elle commence dès que le salarié notifie sa décision de démissionner.

L'objectif de ce préavis est double : d'une part, laisser le temps à l'employeur de former un remplaçant ou de redistribuer les tâches du salarié, particulièrement crucial dans le secteur HCR où la continuité de service est essentielle ; d'autre part, permettre au salarié de quitter l'entreprise dans le respect de ses obligations contractuelles et éviter ainsi tout litige avec son employeur. Pendant le préavis, le salarié bénéficie de son salaire habituel, sauf si un manquement à ses obligations entraîne une rupture anticipée du préavis.

Un salarié peut-il se mettre en arrêt maladie pendant le préavis de démission ?

Vous pouvez tout à fait être en arrêt de travail pendant votre préavis de démission. Lorsque votre état de santé le nécessite, votre médecin traitant peut vous prescrire un arrêt de travail, et ce, même si vous êtes en période de préavis après avoir donné votre démission.

La suspension du contrat de travail pour arrêt maladie n'empêche pas la rupture de celui-ci. En effet, le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) peut être rompu à l'initiative de l'employeur ou du salarié, ou d'un commun accord (rupture conventionnelle), à moins que vous ne soyez en période d'essai.

Dans ce cas, vous recevrez des indemnités journalières de la Sécurité sociale, ainsi que des indemnités complémentaires de votre employeur, si vous y êtes éligible.

L'arrêt maladie interrompt-il la durée du préavis de démission ?

La réponse dépend de la nature de votre arrêt maladie.

En cas de maladie non professionnelle

Lorsque vous êtes en arrêt de travail pour maladie non professionnelle, celui-ci n'a aucune conséquence sur la période de préavis. En effet, que vous ayez notifié votre démission à votre employeur avant d'être en arrêt de travail ou au cours de celui-ci, l'arrêt de travail pour maladie non professionnelle n'interrompt pas le préavis.

Le préavis est une durée préfixe. En principe, il ne subit aucune interruption ou modification. Par conséquent, le préavis n'est pas rallongé de la durée de l'arrêt maladie. Votre contrat de travail prend fin à la date initialement prévue.

Si une partie de votre préavis reste à courir à l'issue de votre arrêt maladie, vous êtes tenu de l'effectuer, à moins d'en être dispensé par votre employeur. Si votre préavis se termine avant la fin de votre arrêt, la durée du préavis n'est pas prolongée d'autant. Le contrat prend fin même si vous êtes toujours en arrêt maladie.

Exemple : Élise, serveuse dans un restaurant, a donné sa démission le 3 janvier 2025. Ayant un préavis de 2 mois, la date de rupture de son contrat de travail a été fixée au 3 mars 2025. Elle a été en arrêt maladie du 10 au 20 janvier 2025. Néanmoins, son préavis n'est pas prolongé de la durée de son arrêt maladie. Elle terminera bien son contrat à la date initialement prévue, c'est-à-dire, le 3 mars 2025.

En cas de maladie professionnelle ou accident du travail

Lorsque l'arrêt de travail est la conséquence d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail, le préavis est en revanche suspendu. Dans le cas d'un accident de travail pendant un préavis de démission, le préavis est automatiquement prolongé d'une durée équivalente à la durée de l'arrêt de travail.

Mais l'employé doit informer l'entreprise de son absence. Il se fait délivrer un certificat médical par le médecin qui le transmettra par voie électronique à l'inspection du travail.

Exemple : Thomas, commis de cuisine, a donné sa démission le 3 janvier 2025. Il a un préavis de 2 mois. Son contrat de travail aurait donc dû prendre fin le 3 mars 2025. Cependant, victime d'un accident du travail (brûlure en cuisine), il a été en arrêt du 10 au 20 janvier 2025 inclus, soit 11 jours. La durée de son préavis sera prolongée d'autant. Son contrat prendra donc fin le 14 mars 2025 et non le 3 comme prévu initialement.

Est-ce que l'arrêt maladie prolonge le préavis de démission ?

Pour résumer, le tableau suivant présente les conséquences d'un arrêt maladie sur le préavis de démission :

Type d'arrêt maladie Suspension du préavis Si arrêt < préavis Si arrêt > préavis
Maladie non professionnelle Non Retour au travail pour finir le préavis Contrat terminé à la date prévue
Maladie professionnelle ou accident du travail Oui Préavis prolongé de la durée de l'arrêt Fin du contrat décalée


Quelles indemnités lors de l'arrêt maladie pendant le préavis de démission ?

Les indemnités journalières de la Sécurité sociale (IJSS)

En tant que salarié en arrêt maladie durant votre période de préavis, vous avez la possibilité de percevoir les indemnités journalières de la Sécurité sociale. Lorsqu'un arrêt maladie intervient pendant un préavis de démission, le salarié peut percevoir une indemnisation de l'Assurance Maladie, sous réserve d'avoir suffisamment travaillé ou cotisé avant le début de l'arrêt.

Les modalités d'indemnisation sont déterminées en fonction de la durée de l'arrêt de travail :

Durée de l'arrêt maladie Conditions d'indemnisation
Moins de 6 mois Avoir travaillé 150 h sur 3 derniers mois OU cotisé sur 1 015× SMIC horaire sur 6 mois
Plus de 6 mois Être affilié depuis 12 mois + 600 h travaillées ou cotisations équivalentes à 2 030× SMIC horaire
Montant : 50 % du salaire journalier de base — délai de carence : 3 jours



Lorsque vous démissionnez pendant un arrêt maladie et que la rupture du contrat de travail intervient avant la fin de l'arrêt, vous pouvez continuer à bénéficier des indemnités journalières de Sécurité sociale pendant 12 mois. En effet, les personnes qui cessent de remplir les conditions d'activité pour relever d'un régime obligatoire d'assurance maladie bénéficient du maintien de leur droit aux prestations en espèces pendant une durée de 12 mois.

Les indemnités complémentaires de l'employeur

Vous pouvez aussi percevoir l'indemnité complémentaire de la part de votre employeur. Mais vous devez respecter un certain nombre de conditions pour en bénéficier.

Tout d'abord, vous devez avoir un an d'ancienneté dans l'entreprise (à partir du premier jour d'absence). Ensuite, vous devez transmettre votre arrêt maladie à votre employeur dans les 48 heures. Il faut aussi avoir droit au paiement des indemnités journalières de la Sécurité sociale. De plus, vous devez recevoir les soins médicaux en France ou dans l'un des pays membres de l'Espace économique européen. Enfin, le salarié en arrêt maladie ne doit pas être un employé à domicile, un travailleur saisonnier, temporaire ou intermittent.

Dans le cas d'un arrêt maladie pour raison professionnelle, ce complément de rémunération est versé dès le premier jour d'absence. En revanche, en cas de maladie classique, un délai de carence de 7 jours s'applique.

Cette indemnité complémentaire correspond à un pourcentage de la rémunération que le salarié aurait perçue s'il avait continué à travailler : 90 % de la rémunération brute pendant les 30 premiers jours d'arrêt, puis 66,66 % pendant les 30 jours suivants. Son montant prend en compte les indemnités journalières de la Sécurité sociale.

La durée de son versement dépend de l'ancienneté du salarié. Pour chaque période entière de 5 ans d'ancienneté au-delà de la première année requise, la période d'indemnisation est augmentée de 10 jours, sans toutefois excéder 90 jours au total.

Ancienneté Montant et durée de l'indemnisation
Entre 1 et 5 ans 90 % du salaire brut pendant 30 jours, puis 66,66 % pendant 30 jours
À partir de 6 ans 40 jours à 90 %, puis 40 jours à 66,66 %
À partir de 11 ans 50 jours à 90 %, puis 50 jours à 66,66 %
À partir de 16 ans 60 jours à 90 %, puis 60 jours à 66,66 %
À partir de 21 ans 70 jours à 90 %, puis 70 jours à 66,66 %
À partir de 26 ans 80 jours à 90 %, puis 80 jours à 66,66 %
À partir de 31 ans 90 jours à 90 %, puis 90 jours à 66,66 %

Le salarié malade peut-il être dispensé de son préavis ?

Le salarié qui tombe malade pendant son préavis peut être dispensé de ce dernier. Mais ce n'est pas une obligation. Ce pouvoir revient à votre employeur. S'il accepte de vous dispenser, il est obligé de vous payer une indemnité compensatrice du préavis. Cette dernière est due pour la totalité de la période du préavis.

Dans ce cas, les indemnités journalières de Sécurité sociale et l'indemnité compensatrice de préavis se cumulent. Le salarié qui tombe malade en cours de préavis et ne peut, par conséquent, exécuter celui-ci, ne peut bénéficier de l'indemnité compensatrice de préavis que s'il a été dispensé de préavis par son employeur.

En revanche, l'employeur est en droit de déduire les indemnités versées par la Sécurité sociale de l'indemnité compensatrice de préavis. Mais cela ne concerne que les employés en arrêt de travail pour une maladie non professionnelle.

L'utilisation d'un logiciel de gestion rh peut vous aider à anticiper ces questions et à améliorer la gestion de votre personnel, particulièrement dans le secteur HCR où les situations de démission et d'arrêt maladie sont fréquentes.

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